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Son Excellence Mgr Marie-Antoine Roy, o.f.m., premier évêque du diocèse d'Edmundston est né à Saint-Michel-de-Bellechasse, au diocèse de Québec le 24 mars 1893, de Louis-Arthur Roy, cultivateur, décédé en 1929, et de Marie-Eugénie Dumas. Il est le quatrième d'une famille de seize enfants. Au baptême, on le nomme Joseph-Alphonse-Hermas. Sa mère, (qui vivait encore à Saint-Michel en 1945) est la petite-nièce de Mgr Ignace Bourget, deuxième évêque de Montréal. Six de ses frères embrassent comme lui le sacerdoce : trois au diocèse de Québec (Albert, Pamphile et Évariste), deux chez les Franciscains (Donat et Réginald) et un chez les Jésuites, (Lucien); un 7e, Léopold, décède comme il se prépare à entrer chez les Franciscains. Aussi, trois de ses soeurs sont religieuses : Sr Saint Bonaventure, o.s.u., Sr St-Égide, R.J.M. et Sr St-Michel Archange. Il a aussi un autre frère, M. Adolphe Roy, avocat, et une soeur, Jeanne.
Après les études primaires au collège du village, Mgr Roy fait son cours classique et ses études théologiques au Séminaire de Québec. Ordonné prêtre le 6 août 1916, par son Éminence le cardinal Bégin dans l'église natale, il est aussitôt nommé vicaire à Sainte-Croix-de-Lotbinière. Il entre, l'année suivante, chez les Franciscains à Montréal, pour y recevoir, le 14 juillet avec l'habit religieux, le nom de Père Marie-Antoine. Profès des voeux simples le 16 juillet 1918, il le devient trois ans plus tard, des voeux solennels. À cette date, ses supérieurs, en considération de ses dons remarquables pour la prédication, l'ont déjà lancé dans cette carrière qu'il doit exercer sans cesse jusqu'à ce jour même où on l'appelle à l'épiscopat : il est alors à prêcher à des religieuses à Chicoutimi. Tous les milieux, d'un bout à l'autre du pays, et en beaucoup d'endroits des États-Unis, depuis les enfants des écoles paroissiales jusqu'aux prêtres des deux clergés séculier et régulier, l'entendent, dans l'admiration de sa parole toute vive d'apostolat et marquée, pour la forme, du goût le meilleur, leur parler de l'Esprit de notre adoption divine, (le titre même d'un de ses ouvrages), « les inciter à revaloriser leurs titres et redevances d'enfants de Dieu ». Sacre de Mgr Marie-Antoine Roy, o.f.m.
Au milieu de toute la splendeur liturgique dont l'Église entoure les brillantes cérémonies de l'élévation à l'épiscopat de ceux qu'Elle choisit comme successeurs des apôtres; en présence de quinze archevêques et évêques venus de l'Ontario, de l'Ile-de-Prince-Edouard, de la Nouvelle-Écosse, du Québec et du Nouveau-Brunswick :
en présence de nombreux prélats, dignitaires ecclésiastiques et laïques, religieux de presque tous les ordres canadiens, prêtres et religieuses; en présence aussi de plusieurs membres de sa famille, dont sa vénérée mère, Mme Louis-Arthur Roy, se déroule mercredi matin, dans la cathédrale de l'Immaculée-Conception, en la fête de l'Assomption glorieuse de la Vierge, le sacre de Son Excellence Mgr Marie-Antoine Roy, o.f.m., premier évêque d'Edmundston. La cérémonie du sacre débute à 9h30 par l'entrée solennelle de l'évêque-élu, accompagné des évêques consécrateur et co-consécrateurs, des autres archevêques et évêques, prélats, religieux, prêtres et religieuses. L'évêque consécrateur est Son Excellence Mgr Antoniutti. Il est assisté à titre de co-consécrateurs, de Leurs Excellences Mgr P.-A. Bray, évêque de Saint John, N.-B., et Mgr C.-A. LeBlanc, évêque de Bathurst... Le sermon de circonstance est prononcé par Son Excellence Mgr Norbert Robichaud, archevêque de Moncton. L'orateur sacré prend comme thème de son sermon ce texte tiré des Actes des Apôtres : « Prenez garde à vous-mêmes et à tout le troupeau sur lequel l'Esprit-Saint vous a établis pour gouverner l'Église de Dieu qu'il a acquise par son sang » (XX, 28). Son Excellence rappelle que le 15 août 1945 est dans notre histoire religieuse « comme le couronnement d'un glorieux passé et en même temps la date liminaire d'une époque historique mémorable ». Faisant un peu d'histoire, il précise ensuite que c'est en 1842 que date l'érection du premier diocèse au Nouveau-Brunswick, celui de Fredericton, dont le siège est par la suite transféré à Saint-Jean, et que c'est en 1860 qu'est érigé celui de Chatham, dont le siège est actuellement à Bathurst. Il fait aussi une brève revue des divers développements religieux survenus au cours des années. Traitant ensuite plus précisément du grand événement du jour, Son Excellence explique que l'érection d'un diocèse crée un foyer nouveau de vie catholique et sociale. Mgr Robichaud termine en expliquant le sens profond de la consécration épiscopale qui confère à l'élu du Saint-Siège le grand honneur et la lourde responsabilité de successeur des apôtres, de prince de l'Église et de pasteur des âmes. La cérémonie du sacre est immédiatement suivie de l'intronisation du nouvel évêque par Mgr Antoniutti. Dès ce moment, il devient effectivement l'ordinaire du lieu. Il y a alors présentation des hommages au nouveau pasteur. Mgr Conway, doyen du diocèse, lit une adresse au nom des religieux et prêtres, après quoi chacun de ces derniers est présenté personnellement à Son Excellence. Les hommages des laïques du diocèse sont présentés par l'honorable J.-Gaspard Boucher, M.A.L. Son Excellence répond à ces hommages par une allocution profondément inspirée des sentiments que suscite dans son âme de pasteur ce premier contact avec son clergé et ses diocésains. Trois phrases résument l'allocution de Mgr Roy. Il dit : « J'ai été envoyé vers vous : je viens avec confiance; j'ai été envoyé pour vous : je viens avec dévouement; j'ai été envoyé pour travailler avec vous, je viens avec amour. » Son Excellence est ensuite revêtue des vêtements épiscopaux, et c'est sa sortie solennelle de la cathédrale, suivie de Son Excellence le délégué apostolique, pendant que l'orgue lance dans la vaste nef les accents grandioses de « Finale » de la première sonate pour orgue de Guilmant. Un banquet est servi à 13h00 à l'Académie en l'honneur du nouvel évêque. On remarque à ses côtés, Son Excellence le délégué, les archevêques et évêques, prélats et dignitaires ecclésiastiques et laïques présents au sacre, ainsi que les prêtres des diocèses de Bathurst et d'Edmundston et ceux qui, nés dans le diocèse d'Edmundston, exercent actuellement leur ministère ailleurs. - Extrait du journal Le Madawaska, 16 août 1945, p. 1, 9, 10 Réalisations
Dès janvier 1946, par l'entremise de Maître J. A. Pichette, des démarches sont entreprises pour l'incorporation civile du diocèse. Elle est accordée par la Législature provinciale dans un bill daté du 17 avril 1946. Lors de cette même année, une série d'événements marquent la vie du jeune diocèse : la paroisse d'Andover est érigée canoniquement; le Sanatorium Saint-Joseph de Saint-Basile et l'Hôtel-Dieu d'Edmundston, sous la direction des Hospitalières de Saint-Joseph, ouvrent respectivement leurs portes les 8 juillet et 11 novembre; le Collège Saint-Louis, collège classique pour garçons, dont la direction et l'enseignement sont confiés aux Pères Eudistes, ouvre également ses portes en septembre; la Maison Notre-Dame-du-Sacré-Coeur pour retraites fermées, située dans l'ancien baraquement militaire, accueille ses premiers retraitants le 3 septembre; un nouvelle communauté religieuse, les Soeurs Marie-Reine-du-Clergé, vient offrir ses services aux deux dernières institutions soit le collège et la maison de retraites. Le 26 avril 1947, Mgr Roy adresse une supplique à Rome pour obtenir que le diocèse soit placé officiellement sous le patronage de l'Immaculée Conception. Par l'entremise du cardinal Charles Salotti, préfet de la Sacrée Congrégation des Rites, Pie XII accorde la faveur le 13 juin suivant. Au cours de l'année 1947, Perth dans le comté de Victoria et Saint-Quentin dans le comté de Restigouche ont leur hôpital administré et dirigé par les Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph. Saint-Léonard-Parent accueille les Soeurs Maristes qui prennent la direction de la nouvelle école paroissiale ainsi que les Frères de l'Instruction Chrétienne qui y établissent leur Maison provinciale et un Juvénat. Les Ursulines de Québec arrivent à Saint-Léonard, pour s'y dévouer à l'enseignement. Elles y tiendront un Externat qui sera enrichi quelques temps après d'une École ménagère. Les Pères Oblats viennent prendre la direction de la Maison des retraites fermées qui, au dire de l'évêque lui-même, « a dépassé de beaucoup les calculs ». Le Père Azarie Ménard, o.m.i. succède ainsi à l'abbé J.-Aurèle Plourde, premier directeur. Les Frères de l'Instruction Chrétienne promettent la construction et la direction d'un Collège commercial, « oeuvre complémentaire au Collège classique » et nécessaire au besoin de la région, selon les vues de Mgr Roy. En 1948, sur l'invitation de l'évêque, une communauté de religieuses contemplatives, les Servantes du Saint-Sacrement, ouvrent un Monastère à Edmundston. Les Soeurs Maristes envoient d'autres recrues pour l'école paroissiale de Rivière-Verte. Les Frères de l'Instruction Chrétienne viennent s'occuper de l'enseignement aux garçons à Saint-Basile. Il y auront une École d'agriculture. Toujours en 1948, les missions de Saint-Olivier et Louvrière, dans le comté de Restigouche, sont érigées en paroisse sous les noms respectifs de Saint-Jean-Baptiste et de Saint-Martin. Le Collège Saint-Louis est déjà sur pieds depuis 2 ans. L'activité y est grande. Les locaux des baraques militaires qui l'ont abrité, lui aussi, ne suffisent plus au progrès qui s'annonce. Il est une oeuvre chère à Mgr Roy. Les plans d'un édifice plus spacieux et convenable se dessinent. - Dubé, Cécile, op. cit., p. 15-17 Mais brusquement, la maladie vient frapper le pasteur de l'Église d'Edmundston. Trois jours après, à la surprise et consternation de tous, il décède le 27 octobre 1948 à l'âge de 55 ans. Selon le journal Le Madawaska, le 4 novembre 1948, près de 15 000 personnes de la ville et de toutes les parties du diocèse défilent silencieusement depuis jeudi dernier devant le cercueil du premier évêque d'Edmundston dont la dépouille mortelle est exposée en chapelle ardente à la salle de réception de l'Hôtel-Dieu, au rez-de-chaussée. Quatorze archevêques et évêques, une vingtaine de prélats, plus de 250 prêtres et religieux, une centaine de religieuses de diverses communautés et une foule de fidèles représentant toutes les classes de la société se sont unis hier matin pour rendre un dernier et émouvant hommage à la dépouille mortelle de Son Excellence Mgr Marie-Antoine Roy, o.f.m. , premier évêque d'Edmundston, à l'occasion des obsèques solennelles déroulées à la cathédrale avec toute la pompe liturgique qu'autorise l'Église en de telles circonstances. Le gouvernement de la province est représenté officiellement par l'un des membres du cabinet, l'honorable J.-Gaspard Boucher, M.A.L. d'Edmundston ainsi que le gouvernement de la province de Québec par M. J. Bélanger, député de Bellechasse, comté où est né le regretté disparu. Parmi les autres dignitaires civils présents, on remarque Son Honneur le juge J.-É. Michaud, juge en chef de la Cour Suprême du Nouveau-Brunswick, banc du roi, les membres du conseil de ville d'Edmundston, les maires des autres villes et villages du diocèse et M. Cyrice Godbout, préfet du comté. Son Excellence le délégué apostolique, Mgr Ildebrando Antoniutti, qui a agi comme évêque consécrateur lors des grandes fêtes du sacre il y a 3 ans, a tenu à venir rendre lui-même les derniers honneurs à celui qu'il a élevé au rang de pontife. Documents
Référence : Livre-souvenir à l'occasion du 50e anniversaire de la fondation du diocèse d'Edmundston publié par la Revue de la Société Historique du Madawaska (vol. XXIII, numéros 1, 2, 3 et 4), 1995. Photos : Contributions |