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C'est le 22 juillet 1950 que Mgr Joseph-Roméo Gagnon, évêque d'Edmundston, émet le décret établissant la paroisse Saint-Georges de Grand-Sault. Il écrit (en résumé ici) : « Vu l'accroissement des dernières années de la population des paroisses de l'Assomption et de Saint-Michel, vu l'éloignement de l'église paroissiale, vu que les deux curés intéressés se sont déclarés favorables à l'érection d'une nouvelle paroisse... nous érigeons canoniquement en paroisse qui portera le nom de Saint-Georges, le territoire (...) ». Et il décrit les limites de la nouvelle paroisse : « Le fleuve Saint-Jean, la Petite Rivière, la voie ferrée du CN de la Petite Rivière au Falls Brook, de là au Tobique Road, plus les terres du chemin de la Rivière jusqu'à la Rivière-au-Saumon » C'est encore la paroisse aujourd'hui, petite en superficie, urbaine surtout, mais aussi rurale. Le Père Cyr Dubé (1914-1959), alors vicaire à l'Assomption, est nommé curé de la nouvelle paroisse. Il est originaire de Saint-André et a été ordonné prêtre le 22 juin 1940 par Mgr Patrice-Alexandre Chiasson, évêque de Bathurst. Un séjour aux universités romaines lui donne le doctorat en droit canon. La première messe paroissiale a lieu dans une chapelle provisoire le 30 juillet 1950. À la fin de l'année 1950, le Père curé donne les chiffres suivants pour la paroisse : population : 1 307; familles : 285. La construction d'une église est la priorité matérielle de la nouvelle paroisse. Dès le 15 avril 1951, le Père Dubé annonce à ses ouailles que « le contrat pour la construction d'une église est donné à la compagnie Dollard Bélanger au coût de 770 000,00$ ». C'est de beaucoup la plus basse soumission reçue. Le Père curé ajoute : « Nous avons confiance que cette construction sera menée à bien pour la grande satisfaction de tous ». En août 1953, le Père Dubé note en style abrégé dans son livre d'annonces : « Dimanche prochain (31 août), la cérémonie de la bénédiction de l'église commencera à 9h00. Tous invités. Quelques invités d'en dehors, mais il est entendu que les paroissiens sont tous invités et je vous demande de ne pas manquer cette importante cérémonie unique dans les annales de l'histoire de la paroisse. Sermon par Son Excellence et messe par Mgr Bernier ». La paroisse avait sa Maison-Dieu. Le livre d'annonces de la paroisse, rédigé fidèlement chaque semaine par le Père Dubé, est le reflet d'une paroisse en développement, très active au point de vue religieux selon les traditions de l'époque, travaillant aussi à éteindre petit à petit la dette paroissiale contractée pour la construction du temple paroissial. C'est une paroisse qui montre tous les signes d'une chrétienté en marche. Le curé est enchanté de l'esprit de dévouement de ses paroissiens, et après la Semaine sainte de 1952, il les félicite pour leur « piété remarquable ». Quelques dates rappellent des événements marquants dans le progrès communautaire et paroissial. La construction de l'église n'est pas encore complétée qu'on bénit un orgue le 27 avril 1951, et une cloche, le 25 novembre de la même année. Cette cloche reçoit les noms Roméo (prénom de l'évêque) et Georges; elle était donnée par deux paroissiens, M. et Mme Wilmot Vasseur. Le 25 août 1956 a lieu la bénédiction d'une école pour la paroisse et la région, l'école Marie-Immaculée. C'est une grande joie pour le curé, la réalisation d'un rêve. L'éducation civile et aussi religieuse de la jeunesse est assurée. En 1958, le 31 mai, il y a ordination sacerdotale dans l'église de Saint-Georges, alors que Mgr Gagnon confère le sacrement de l'ordre au Père Normand Godbout. La paroisse donne à l'église un sujet d'élite. Le surplus de travail d'une paroisse naissante et les activités variées du ministère paroissial minent la santé de ce prêtre-curé actif et énergique. Il souffre pendant plusieurs années d'ulcères d'estomac. Hospitalisé à Grand-Sault pour une opération, il ne survit pas. Sa mort survenue inopinément le 16 juin 1959 crée un émoi profond dans la paroisse et le diocèse. On ne s'y attend nullement : il a inscrit un acte de baptême au registre paroissial pour le 31 mai. Les funérailles sont présidées par Mgr Gagnon, et 21 prêtres l'accompagnent à l'autel. Le corps du Père Dubé repose dans le cimetière de la paroisse qu'il avait lui-même établi. Sur la pierre tombale, on lit : « Reconnaissance des paroissiens à leur dévoué curé fondateur ». Il n'a que 44 ans et onze mois. Son souvenir est encore bien vivant dans le milieu. Les successeurs à la direction de la paroisse sont les prêtres suivants :
On peut affirmer qu'ils ont entretenu la tradition de piété et d'activité féconde au cours de ces années où la nouvelle orientation de Vatican II demande de nombreux changements. Pendant cette période, divers développements ajoutent à la vie de la paroisse et du milieu. Le 5 février 1961, on inaugure la salle des Scouts et Guides sur le terrain de l'église. Le 1er janvier de la même année, une statue de Saint-Georges en marbre, taillée en Italie, est placée devant l'église, les dépenses étant assumées par les deniers des paroissiens. En 1962, on lance le projet de la Caisse Populaire Saint-Georges; celle-ci reçoit sa charte officielle le 4 décembre 1963. Elle est installée maintenant dans un édifice tout neuf. En 1964, la tâche du curé est allégée par la nomination d'un vicaire en la personne du Père Yvon Ouellet. En 1965, le Père Rino Albert entre dans le nouveau presbytère juste à côté de l'église. On y trouve aussi une salle pour les réunions des comités paroissiaux. Au début des années 1970, on annonce la construction d'une École de Métiers à l'intérieur des limites de la paroisse Saint-Georges. Elle est devenue le campus de Grand-Sault du Collège Communautaire du Nouveau-Brunswick. Presque en même temps commence la construction de la polyvalente Thomas-Albert, située près de l'École des Métiers. Cette polyvalente porte le nom de l'abbé Thomas Albert, historien du Madawaska, qui est curé de l'Assomption de 1921 à sa mort en 1924. Plusieurs cérémonies mémorables marquent la suite de l'histoire de Saint-Georges. La paroisse célèbre dans la joie les 25ièmes anniversaires de quatre de ses curés : le Père Rino Albert le 5 mai 1971, le Père Alfred Ouellet le 24 juillet 1977, le Père Napoléon Michaud le 13 juin 1982 et le Père Lewis Long le 7 juin 1987. On marque aussi le 25e anniversaire de la fondation de la paroisse le 28 décembre 1975, et le 40e anniversaire le 22 juillet 1990. Saint-Georges peut marquer le 50e anniversaire de sa fondation avec le nouveau siècle en l'an 2000. L'église paroissiale peut tenir du style Dom Bellot par ses matériaux, sinon par ses lignes : elle est faite de ciment et de briques. Récemment une réparation majeure bien pensée change l'aspect du sanctuaire tout en agrandissant la sacristie. Durant les derniers quinze ans, on améliore le système de chauffage, remplace les fenêtres, achète un nouvel orgue Hammond, ajoute un carillon électronique et une verrière dans la façade. La vie paroissiale s'est améliorée dans la foulée de Vatican II. Il y a la participation active des fidèles au Conseil paroissial de Pastorale. Des animateurs et lecteurs, des ministres de la communion, des volontaires pour la préparation aux sacrements, une chorale active et toujours présente, une célébration impressionnante des principales fêtes liturgiques : tout cet ensemble donne le ton de cette communauté ecclésiale. Et un agent de pastorale, M. Roger Thériault, aide le curé pour divers services pastoraux. L'avenir est à Dieu, dit le poète. À Saint-Georges, son curé et ses paroissiens envisagent cet avenir avec confiance, sous la main du Très-Haut, avec les Saintes Écritures comme guide, sous la houlette de son évêque actuel, Mgr François Thibodeau, et la haute direction de l'Église, Jean-Paul II. En regardant l'histoire de leur paroisse, ils ne peuvent que s'exclamer : « Merci Seigneur! » Photos
Référence : Livre-souvenir à l'occasion du 50e anniversaire de la fondation du diocèse d'Edmundston publié par la Revue de la Société Historique du Madawaska (vol. XXIII, numéros 1, 2, 3 et 4), 1995. Photos : Google |