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Les premiers Français à venir d'établir à Saint-François-de-Madawaska le font vers 1826. Ils doivent acheter leur terre d'Américains qui dont déjà là pour l'exploitation des forêts de pins. Jusqu'en 1843, Saint-François fait partie de la paroisse de Saint-Basile. Il semble que le curé Langevin, alors qu'il dessert Sainte-Luce (Maine), vient dire la messe 3 ou 4 fois par année à Saint-François. Après 1843, le territoire est rattaché à Sainte-Luce. Le 9 janvier 1849, une concession de terre est accordée pour la construction d'une église à Saint-François. La première église, appelée l'église rouge, est construite en 1850. L'intérieur de cette charmante petite église de campagne, est décoré au cours des années et en 1885, on installe de nouvelles fenêtres gothiques. Toutefois, l'année suivante, elle est la proie des flammes le jeudi 3 février 1886. On peut lire dans le « Messager de Lewiston » : Un terrible malheur vient de fondre sur la paroisse de Saint-François. Jeudi matin, le 3 février 1886, le feu de communiqua par le tuyau au plafond de la sacristie et lorsque le curé Jos Martin arriva pour y dire la messe, l'incendie avait déjà fait de tels progrès qu'il était inutile d'essayer à l'arrêter ...
Le jour même de l'incendie de l'église, l'abbé Joseph Martin donne sa démission, ne se sentant pas capable de voir à la reconstruction de l'église. Toutefois, il demeure à Saint-François jusqu'en avril 1886. Après l'incendie, la maison de Hilaire Nadeau sert de chapelle temporaire, et ce, pendant deux ans et cinq mois. Les paroissiens de Saint-François se mettent à la tâche en vue de la construction d'une nouvelle église. Cette construction est supervisée par le nouveau curé, le Père Phydime Paradis, qui est curé du 1er avril 1886 au 15 septembre 1889. Le 23 août 1886, la charpente est Érigée : « closed with rough boards on a fine stone foundation on the spot marked by me ». C'est Mgr Rogers qui s'exprime ainsi. Lors de sa visite, Mgr Rogers confirme 172 personnes. Le 2 août 1887, la cloche pour l'église blanche arrive. Achetée de Union Bell Church Foundry de Cincinnati, Ohio, elle mesure 46 pouces de diamètre et pèse 1 100 livres et la monture 400 livres. Le coût de la cloche est de 200,00$, le transport par bateau et train jusqu'à Edmundston est de 29,28$. À la suite d'une messe basse, une cérémonie a lieu pour le transport de la cloche et pour la placer temporairement à côté de la chapelle temporaire. Le 22 juin 1888, Mgr Rogers installe le nouveau curé dans son presbytère tout neuf. L'église est également convenable pour dire la messe. Le 29 juin, c'est la première grand-messe dans l'église neuve, sur la colline au nord du site de l'église rouge. Quatre jours seulement suffisent pour rendre l'église logeable pour y faire l'office, la Saint Pierre tombant le vendredi. Lundi, 12 hommes, mardi, 21 hommes, mercredi, 21 hommes, jeudi 19 hommes travaillent à compléter l'église pour l'inauguration et à 19h00, on commence la parure de l'autel. Théodore Cyr et sa fille Dina, Théodore Landry et Arsène Lebel, sous la direction du curé y travaillent jusqu'à minuit et y réussissent au point de mériter les applaudissements de la paroisse. La nouvelle église, beaucoup plus vaste que l'église rouge, est érigée sur la colline où est construite plus tard l'École Régionale de Saint-François et où se situe actuellement la salle du Club de l'Âge d'Or. Un monument historique à l'honneur des ancêtres est érigé en 1959 à l'endroit de l'autel de cette 2e église. Le 1er juillet 1888, un incident survient, la cloche se casse en sonnant. On doit la retourner à Cincinnati. Le 8 août 1888, c'est l'arrivée de la nouvelle cloche, partie de Cincinnati le 31 juillet. Les notes historiques de Mgr Dugal donnent les renseignement suivants : Au départ du curé Paradis, le 15 septembre 1889, pour forcer les paroissiens à payer au plus tôt une dette contractée sans l'assentiment de l'évêque et dont les charitables syndics s'étaient laissés rendre responsables, Mgr Rogers régla que le nouveau curé, l'abbé Antoine Comeau, résiderait à Clair d'où il desservirait Saint-François, comme mission. L'épreuve fut salutaire et l'année suivante, au commencement de septembre 1890, l'abbé Israël-Norbert Dumont s'installait comme curé à Saint-François où il passa 31 années de laborieuse et féconde administration. Anciennes dettes payées, église et presbytère agrandi; tel est le bilan des 10 premières années de travail de M. Dumont à Saint-François même, et ce pendant qu'il desservait les missions naissantes de Clair et de Lac-Baker et qu'il créait celle de Connors. Le 10 mai 1920, le Père Dumont, qui a tant fait pour la paroisse de Saint-François pendant 30 ans, voit le fruit de son travail se réduire en cendres en l'espace d'une heure ou deux. En cette après-midi, la foudre, au cours d'un violent orage, met le feu au clocher de l'église. On vient de terminer l'installation d'un système électrique privé et la foudre suit les méandres nombreux des fils électriques semant le feu aux 4 coins de l'église. L'alarme est donnée, mais il n'y a rien à faire, excepté sauver les Saintes Espèces et quelques pièces de l'ameublement. Le soir de ce même jour, le Père Dumont, courageux dans le malheur, se retire dans une maison voisine, pensant bien, vu son âge avancé (il avant 68 ans) à se retirer du ministère. La paroisse Saint-François-Xavier vient de connaître, en moins de 35 ans, sa deuxième épreuve majeure. Il faut reconstruire une nouvelle église. De plus, durant le stage du Père Dumont, la paroisse a vu son territoire se rétrécir comme une peau de chagrin. La paroisse, amputée successivement de Clair et de Lac-Baker, est réduite à la proportion d'une paroisse peu populeuse avec seulement 160 familles et environ un millier d'âmes. Le 20 mai 1920, immédiatement après l'incendie de l'église, un hangar servant à entreposer la dîme est vite transformé en chapelle. L'on installe l'harmonium de la sacristie qui a échappé aux flammes. On descend ce hangar où est maintenant le presbytère, mais lorsque débutent les travaux du presbytère, la messe est dite à la salle de M. Auguste Albert. Le 15 mai 1921, le curé de Clair, M. l'abbé Télesphore Lambert vient prendre charge de la paroisse de Saint-François. La première tâche qui s'impose au nouveau curé est la construction de l'église. En fait, tout est à reconstruire : église, presbytère. Il y a bien des discussions sur le site de la nouvelle église, à savoir si on doit la construire sur le côteau à l'endroit même de l'église incendiée ou en bas près de l'étang Verret. Dans une visite qu'il fait au printemps, Son Excellence Mgr Patrice-A. Chiasson décide que le site serait entre le chemin et l'étang. Le Père Lambert se met donc immédiatement à l'oeuvre. On fait corvée sur corvée pour le creusage du soubassement de la future église et pour charroyer le sable. À cette époque, tout le travail se fait encore avec des hommes et des chevaux. Les gens montrent un zèle et une générosité sans égale pour rebâtir leur église et un mois à peine après l'arrivée du Père Lambert, on commence déjà à couler le béton des fondations. Le soubassement mesure 132 pieds par 52 pieds de hauteur. Il doit servir d'église temporaire. Voici les notes laissées par le Père Lambert dans les registres concernant la construction de ce soubassement : Le soubassement a été construit en 1921. Le contremaître était René Rioux et le maître-maçon, Johnny Plourde de Clair. J.H. Tanguay était le plombier. L'Hon. J.-E. Michaud était alors député pour le comté à Fredericton, Wilfred Verret et Vital Albert étaient les conseillers de paroisse. En 1922, on construit le presbytère actuel et l'année suivante, on organise une corvée pour creuser une aqueduc à l'usage du presbytère. C'est aussi en 1923 qu'a lieu la première cérémonie de confirmation dans le nouveau soubassement. C'est en même temps la première tournée de confirmation du nouvel évêque, Mgr Patrice-A. Chiasson. Le secrétaire de l'évêque à cette occasion est le Père Ernest Lang, vicaire à Saint-Basile. Le recensement de la paroisse en 1923 indique qu'il y a alors 165 familles. Le 2 septembre 1929 a été bénie la pierre angulaire de l'église de Saint-François-de-Madawaska, N.-B. L'officiant, avec la permission de l'ordinaire, Mgr L.-N. Dugal, curé de Saint-Basile, était le Père W.J. Conway, curé d'Edmundston. Étaient présents le soussigné, curé de la paroisse : le R.P. Lagacé, curé de Baker-Brook, qui a donné le sermon de circonstance, les RR. PP. Normand, curé de Fort-Kent, C.E. Michaud, curé de Clair, C. Cyr, curé de Sainte-Anne, Ferlandin, curé de Saint-Charles, Maine. Le journal Le Madawaska du 24 mai 1928 donne cette petite nouvelle en page 2 : Les travaux de notre nouvelle église sont commencés depuis quelques jours sous la direction de M. René Rioux, ouvrier en chef. Notre dévoué curé a divisé la paroisse en douze districts et chacun de ces districts doit à tour de rôle fournir les employés nécessaires pour faire le travail. Montrons-nous généreux ... La construction de cette église oblige le curé à contracter une dette d'environ 15 000,00$. Tout de même, c'est avec fierté que, le 1er janvier 1929, après avoir assisté à la messe dans le soubassement depuis quelques années, les paroissiens assistent pour la première fois au Saint-Sacrifice de la messe dans leur nouvelle église dont l'intérieur n'est pas terminé. Pour la construction de l'église, les parpaigns de béton sont fabriqués sur place, dans une bâtisse près du presbytère, à l'endroit où est situé aujourd'hui le bureau de poste. Le sable nécessaire est transporté, à partir d'îles du fleuve Saint-Jean. L'un des problèmes est l'élimination de la terre qui s'accumule sur les roues des charrettes. On doit construire une route pour se rendre sur les îles et quelquefois même arroser le sable jusqu'à ce que l'eau soit claire, afin d'être certain qu'il n'y a pas de terre dans le sable. En 1929 survient l'effondrement de la Bourse. La crise économique se fait sentir à Saint-François comme ailleurs et, sentant le fardeau un peu lourd, le bon Père Lambert vieillissant, demande en 1932, à son évêque de lui trouver un remplaçant plus jeune. Mgr Chiasson acquiesce au désir du Père Lambert et le 12 octobre 1932, le Père Ernest Lang, auparavant curé de Saint-Joseph, prend la charge de la paroisse de Saint-François et de la mission de Connors. Grâce à un esprit de collaboration de la part des paroissiens, qui se montrent sympathiques au jeune curé, les dettes de l'église sont payées et l'église elle-même est terminée à l'intérieur et bénite solennellement par Mgr Chiasson, lors de sa dernière visite pastorale le 20 septembre 1941. En fait, c'est la dernière cérémonie que préside le vieil évêque. De retour à l'évêché de Bathurst, il se rend à l'hôpital où il meurt quelques semaines plus tard. Mgr Camille-André LeBlanc succède à Mgr Chiasson et est sacré évêque de Bathurst le 8 septembre 1942. La première cérémonie que préside le nouvel évêque au Madawaska est la consécration du maître-autel de marbre de l'église entièrement terminée de Saint-François. Cette cérémonie a lieu le 18 octobre 1942. C'est un jour heureux pour les paroissiens. Le Père Alfred Ouellet entreprend des rénovations à l'église, suite à la formation d'un conseil de pastorale le 9 octobre 1971. C'est lors de la première réunion de ce conseil le 10 octobre qu'est décidé la rénovation. Une entreprise de Québec est approchée : Les Arts Religieux Appliqués Inc. et les travaux, qui s'échelonnent de janvier à mars 1972, sont sous la surveillance de M. Joseph Soligo. À Pâques de cette année 1972, tous les paroissiens, émerveillés et ravis, entrent dans leur église rénovée. Dix-sept curés se succèdent à la cure de Saint-François-Xavier depuis 1859, année où la paroisse se détache de Sainte-Luce et accueille son premier curé résident. Les curés de Saint-François :
La paroisse de Saint-François a des vicaires presque continuellement de 1901 à 1969, sauf la période de 1920 à 1944. En voici la liste :
Saint-François voit naître huit prêtres, soient :
Autres événements qui marquent de façon indélébile l'histoire de la paroisse
Photos
Référence : Livre-souvenir à l'occasion du 50e anniversaire de la fondation du diocèse d'Edmundston publié par la Revue de la Société Historique du Madawaska (vol. XXIII, numéros 1, 2, 3 et 4), 1995. Photos : Contributions, Lieuxpatrimoniaux.ca |